Si Léon Bocquet et Auguste Angellier avaient eu l’occasion d’échanger ces mots, peut-être l’auraient-ils fait ainsi… Mais ce dialogue, bien que plausible, demeure une création fictive, fruit d’une imagination souhaitant faire revivre ces figures littéraires.
Une Rencontre Poétique à l’Université de Lille
Salle de cours de littérature anglaise, 1897. Léon Bocquet, jeune étudiant studieux, s’installe au premier rang, carnet en main. Auguste Angellier, son professeur, entre avec enthousiasme, un livre à la main. Il le brandit comme un trophée.
Angellier (exalté) : Bocquet, mon garçon, avez-vous déjà entendu un poète chanter avec l’âme d’un rossignol ?
Bocquet (intrigué) : Un rossignol, Monsieur ? Je suppose que vous parlez en métaphore…
Angellier (sourire malicieux) : Évidemment ! Je parle de John Keats, mon cher. Ode to a Nightingale, un pur chef-d’œuvre ! Keats n’écrivait pas avec une plume, mais avec son cœur !
Bocquet (prenant des notes) : Un poète du cœur, dites-vous ? Voilà qui m’intéresse… Et que racontent ces vers si mélodieux ?
Angellier (s’illuminant) : L’évasion par la beauté, la douleur du monde, l’amour, la mort… Keats savait qu’il mourrait jeune et, pourtant, il écrivait comme si chaque mot pouvait défier le temps. “A thing of beauty is a joy forever”, écrivait-il !
Bocquet (s’arrêtant soudain d’écrire, l’air songeur) : “Une chose de beauté est une joie éternelle”… Voilà un vers que j’aimerais voir résonner en français…
Angellier (frappant dans ses mains) : Ah ! Vous commencez déjà à penser à la traduction, n’est-ce pas ?
Bocquet (souriant) : Eh bien, si Keats écrivait avec son cœur, il mérite d’être compris par tous les cœurs, même ceux qui ne lisent pas l’anglais !
Angellier (enthousiaste) : Voilà une noble ambition ! Mais prenez garde, Bocquet, traduire Keats, c’est comme capturer le chant du rossignol dans une cage : il faut du talent pour ne pas briser la mélodie !
Bocquet (défiant) : Qu’à cela ne tienne, Monsieur ! Je tenterai d’être plus rossignol que cage !
Angellier (riant) : Ha ! Vous avez du panache, mon cher ! Qui sait ? Peut-être qu’un jour, un certain Léon Bocquet fera découvrir aux Français Les lettres d’amour de John Keats à Fanny Brawne…
Bocquet (clin d’œil) : Patience, Monsieur… Nous verrons bien si le destin m’en donne l’occasion !
Les deux hommes échangent un regard complice, tandis que Bocquet reprend sa plume, déjà habité par un futur projet qui, des années plus tard, verra le jour…
Morale : Une simple rencontre peut semer une idée, mais seul le temps prouve si l’idée deviendra un chef-d’œuvre.
Angellier lui donna le goût de la littérature anglaise [….] Marie-Louise l’aida dans ses travaux de traduction d’œuvres anglaises et américaines […] les poèmes et les lettres d’amour de John Keats à Fanny Brawn (1923). Son rôle de traducteur, et par là d’introducteurs d’auteurs anglo-saxons en pays de langue française est sans aucun doute important.
« La revue Le Beffroi de Léon Bocquet » Anna Mascarello