Un titre à débattre

Si James Oliver Curwood et Léon Bocquet avaient eu l’occasion d’échanger ces mots, peut-être l’auraient-ils fait ainsi… Mais ce dialogue, bien que plausible, demeure une création fictive, fruit d’une imagination souhaitant faire revivre ces figures littéraires. » Un Titre à Débattre Paris, 1919. Dans un salon feutré, Léon Bocquet et James Oliver Curwood sont installés face…


Si James Oliver Curwood et Léon Bocquet avaient eu l’occasion d’échanger ces mots, peut-être l’auraient-ils fait ainsi… Mais ce dialogue, bien que plausible, demeure une création fictive, fruit d’une imagination souhaitant faire revivre ces figures littéraires. »

Un Titre à Débattre

Paris, 1919. Dans un salon feutré, Léon Bocquet et James Oliver Curwood sont installés face à face. Sur la table, un exemplaire du manuscrit anglais de Baree, Son of Kazan. Entre eux, une discussion animée bat son plein…


Curwood (enthousiaste) : Ah, mon cher Léon ! Quelle joie de vous voir donner une voix française à mon Baree, Son of Kazan ! Avez-vous déjà une idée du titre ?

Bocquet (hochant la tête) : Bien sûr, James ! Je pensais à quelque chose de noble, de mystérieux… Pourquoi pas Baree, le noble aventurier du Grand Nord ?

Curwood (s’étouffant presque avec son café) : Le noble aventurier ? Mon ami, ce n’est pas un roman de cape et d’épée ! C’est l’histoire d’un chien-loup perdu entre deux mondes, pas d’un chevalier en mission !

Bocquet (réfléchissant) : D’accord, d’accord… Et si nous gardions Baree, mais en ajoutant le fils de Kazan, pour garder l’esprit original ?

Curwood (fronçant les sourcils) : Moui… mais fils de Kazan, en français, ça sonne presque comme un titre royal. Or Baree n’a rien d’un prince !

Bocquet (tapotant son menton) : Très juste… Bon, alors simplifions ! Que dites-vous de Baree, le chien-loup ?

Curwood (grimace légèrement) : Hmmm… Baree, ce n’est pas juste un chien-loup, c’est une âme partagée entre la nature sauvage et la domestication humaine.

Bocquet (amusé) : Si nous poussons votre logique, nous devrions l’appeler Baree, l’indécis du Grand Nord ?

Curwood (riant) : Ah non, pitié ! Là, il va passer pour un héros de vaudeville !

Bocquet (levant les yeux au ciel) : Alors Baree, l’âme du Grand Nord ?

Curwood (dubitatif) : Trop poétique… et puis, avouez, ce livre parle plus de crocs et de morsures que d’âme vagabonde !

Bocquet (soupirant) : Très bien, restons simples. Bari, chien-loup. Clair, efficace, évocateur.

Curwood (tapant sur la table) : Bari ? Vous changez même son nom ?!

Bocquet (souriant malicieusement) : Baree en français sonne… disons… un peu trop fragile. On dirait un petit biscuit ! Tandis que Bari, c’est plus robuste, plus sauvage !

Curwood (réfléchissant, puis haussant les épaules) : Hmm… soit. Si cela permet à mes lecteurs français d’adopter mon chien-loup… Bari, chien-loup ce sera !

Bocquet (trinquant avec son verre de vin) : Nous y voilà enfin, mon ami ! Une traduction, c’est comme un bon titre : il faut de la patience et du flair !


Morale : Une bonne traduction, c’est comme un bon compromis : chacun y laisse un peu de son idée, mais au final, l’essentiel est préservé et tout le monde y trouve son compte !

Extraits de « La revue Le Beffroi de Léon Bocquet » de Anna Mascarello – 1962