Un futur érudit à Marquillies

Ce dialogue est une création fictive. S’il s’inspire de faits et de personnages réels, il est le fruit de l’imagination de l’auteur. Toute similitude avec des échanges ayant réellement eu lieu ne serait que fortuite. Un Futur Érudit à Marquillies Un après-midi de la fin du XIXe siècle, sous un grand tilleul de Marquillies, Maître…


Ce dialogue est une création fictive. S’il s’inspire de faits et de personnages réels, il est le fruit de l’imagination de l’auteur. Toute similitude avec des échanges ayant réellement eu lieu ne serait que fortuite.

Un Futur Érudit à Marquillies

Un après-midi de la fin du XIXe siècle, sous un grand tilleul de Marquillies, Maître Clabaut profite d’un moment de repos, un verre de cidre à la main. Surgit l’abbé Bonduel, soutane au vent, l’air pressé et visiblement animé d’une grande mission.


Abbé Bonduel (essoufflé) : Maître Clabaut ! Ah, je vous cherchais justement !

Maître Clabaut (souriant) : Eh bien, monsieur le curé, votre ferveur me surprend ! Aurais-je oublié d’assister à la messe dominicale ?

Abbé Bonduel (s’agitant) : Non, non, ce n’est pas de vous qu’il s’agit… mais d’un petit prodige en herbe !

Maître Clabaut (intrigué) : Un prodige ? À Marquillies ? Voilà qui mérite une gorgée de cidre pour me remettre de cette révélation.

Abbé Bonduel (agité) : Un jeune garçon de dix ans, Léon Bocquet ! Un enfant pieux, vif d’esprit, avec un don certain pour les langues anciennes ! Vous devriez l’entendre réciter du latin… À croire que Cicéron lui-même souffle à son oreille !

Maître Clabaut (haussant un sourcil) : Ah oui ? Et que fait-il d’autre, votre jeune Cicéron ?

Abbé Bonduel (enthousiaste) : Il conjugue les verbes latins plus vite que mes fidèles ne récitent un Pater Noster ! Et en grec, il vous décline un anthropos avec autant d’aisance que vous, vous déclinez un argument devant la cour !

Maître Clabaut (amusé) : Voilà un garçon qui ferait pâlir mes collègues juristes… Mais dites-moi, monsieur le curé, ces aptitudes, vous les avez testées ?

Abbé Bonduel (frappant du pied avec ferveur) : Bien sûr ! Hier encore, il a corrigé ma traduction d’un texte de saint Augustin !

Maître Clabaut (éclatant de rire) : Voilà qui est fâcheux pour vous, mais intéressant pour lui !

Abbé Bonduel (insistant) : Je vous le dis, ce garçon ira loin ! Il faut qu’il poursuive ses études !

Maître Clabaut (songeur) : Hmmm… Vous savez, j’ai un faible pour les esprits brillants. Et puis, si un jour il écrit un livre sur les grands avocats de France, je ne serais pas contre un chapitre sur ma modeste personne…

Abbé Bonduel (frappant dans ses mains) : Alors, vous acceptez de l’aider ?

Maître Clabaut (avec un sourire) : J’accepte de l’encourager, oui. Qu’il entre donc au Petit Séminaire Saint-François d’Assise à Hazebrouck. Avec un talent pareil, mieux vaut qu’il cultive son esprit… plutôt que de corriger les traductions de son curé !

Abbé Bonduel (soulagé) : Ah ! Merci, Maître Clabaut ! Vous verrez, ce petit Léon Bocquet fera honneur à notre région !

Maître Clabaut (clin d’œil) : À une condition… Quand il publiera son premier livre, il me l’offrira dédicacé.

Abbé Bonduel (riant) : Marché conclu !


Morale : Il suffit parfois d’un regard avisé et d’un bon mentor pour faire éclore un talent… et éviter que les curés ne se fassent corriger par leurs jeunes élèves !

« Entre temps le curé de Wicres, l’abbé Bonduel, découvrit chez ce garçon pieux des aptitudes certaines pour les langues mortes et le signala, à Maître Clabaut, avocat au Barreau de Lille. Celui-ci engagea l’enfant, lorsqu’il sortit de l’école primaire, à entrer au Petit Séminaire St. François d’Assise d’Hazebrouck et par la suite il continua à s’intéresser à ses études. »

« La revue Le Beffroi de Léon Bocquet » Anna Mascarello