Quand Shakespeare Rencontre Le Beffroi

Ce dialogue est une œuvre de fiction. Bien que basé sur des faits et des personnages réels, il relève de l’imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des propos réellement tenus ne serait que pure coïncidence Titre : Quand Shakespeare Rencontre Le Beffroi Scène : Lille, une fin d’après-midi à la toute fin du XIXe siècle.…


Ce dialogue est une œuvre de fiction. Bien que basé sur des faits et des personnages réels, il relève de l’imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des propos réellement tenus ne serait que pure coïncidence

Titre : Quand Shakespeare Rencontre Le Beffroi

Scène : Lille, une fin d’après-midi à la toute fin du XIXe siècle. Dans un salon littéraire feutré, où flottent des effluves de thé et de tabac, de jeunes écrivains discutent avec emphase. Près d’une fenêtre, Léon Bocquet, la vingtaine finissante, carnet en main, débat sur l’avenir de la littérature du Nord. À quelques pas, Marie-Louise, un peu plus jeune, silhouette distinguée, jette un regard amusé sur ce poète passionné qu’elle vient de rencontrer, et qui deviendra en 1903 son mari.


MARIE-LOUISE (souriante, avec un soupçon d’ironie) — Alors, c’est donc vous, le grand Léon Bocquet, le héraut des lettres du Nord ?

LÉON (se redressant, flatté) — Moi-même, mademoiselle. Et vous êtes… ?

MARIE-LOUISE (s’amusant de son air intrigué) — Marie-Louise, la sœur de Marie-Thérèse, votre collaboratrice au Beffroi.

LÉON (hochant la tête) — Ah, oui, bien sûr ! Enchanté. Et vous aussi, vous écrivez ?

MARIE-LOUISE (espiègle) — J’écris… en anglais.

LÉON (fronçant les sourcils, faussement scandalisé) — En anglais ?! Mais pourquoi diable écrire dans la langue de Shakespeare quand on a celle de Hugo ?

MARIE-LOUISE (taquine) — Parce que Shakespeare a tout de même quelques qualités… et que l’anglais, voyez-vous, a un certain charme.

LÉON (se reprenant avec aplomb) — Certes… mais l’anglais n’a pas Le Beffroi.

MARIE-LOUISE (riant) — Un argument irréfutable, bien que légèrement chauvin.

LÉON (amusé, jetant un regard malicieux à son carnet) — Vous pourriez peut-être me convaincre autrement… J’ai justement quelques vers qui hésitent entre deux traductions.

MARIE-LOUISE (croisant les bras, faussement méfiante) — Ah ! Vous voilà déjà en quête d’une assistante linguistique ?

LÉON (prenant un ton dramatique) — Non, d’une muse érudite ! Une femme capable de comprendre le génie des mots et de percer le mystère de la nuance…

MARIE-LOUISE (levant les yeux au ciel, faussement exaspérée) — Si je vous aide à traduire, c’est pour éviter que vous fassiez dire des bêtises à Dickens.

LÉON (souriant) — D’accord. Mais en échange, je vous apprends à savourer la prose des écrivains du Nord.

MARIE-LOUISE (plaisantant) — Deal… à condition que vous ne traduisiez jamais “je vous aime” par “I love you” trop vite.

(Léon, pris de court, marque un temps d’arrêt. Marie-Louise, malicieuse, lui lance un dernier regard avant de s’éloigner, laissant derrière elle un poète déjà conquis. Un siècle plus tard, leurs traductions communes et leur amour partagé des lettres résonnent encore… dans les pages du Beffroi.)


MORALE : Parfois, l’amour commence par une traduction… et finit par un poème à deux plumes. 😏

Extraits de « La revue Le Beffroi de Léon Bocquet » de Anna Mascarello – 1962