Ce dialogue est une œuvre de fiction. Bien que basé sur des faits et des personnages réels, il relève de l’imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des propos réellement tenus ne serait que pure coïncidence

Titre : Quand Marquillies entre en littérature
Scène : 1924, sur la place de Marquillies, devant l’auberge. Léon Bocquet, en visite dans son village natal, sirote un verre de bière locale, savourant la tranquillité retrouvée après les années de guerre. C’est alors que débarque Alfred, un robuste paysan du coin, le journal dans les mains et l’air pas franchement ravi…
ALFRED (brandissant le journal) — Hé, Bocquet ! Paraît qu’on parle de nous dans ton roman, là, Le Fardeau des jours !
LÉON BOCQUET (souriant, faussement modeste) — Ah, oui, peut-être bien… Un petit hommage à la force et au courage des gens de Marquillies, Alfred.
ALFRED (plissant les yeux, méfiant) — Hommage, hommage… Mouais. J’ai lu qu’on y trouve des villageois têtus, bagarreurs et grincheux…
LÉON BOCQUET (posant son verre, l’air innocent) — Ah, mais ça, c’est de la fiction, Alfred !
ALFRED (croisant les bras) — Et le chapitre sur le gars qui râle tout le temps contre le vent du Nord, et qui cache du schnaps dans son grenier ?
LÉON BOCQUET (toussote, esquivant du regard) — Une pure invention littéraire…
ALFRED (haussant un sourcil) — Et l’autre, là, qui passe ses soirées à raconter des histoires de fantômes dans l’étable au lieu d’aider aux champs ?
LÉON BOCQUET (avec un sourire malicieux) — Un archétype rural… inspiré par personne en particulier, bien sûr.
ALFRED (fronçant les sourcils, réfléchissant) — Bon… et le chapitre où un certain Alphonse, fermier un peu gros, un peu têtu, refuse de prêter son cheval après l’armistice parce qu’il le trouve plus précieux que son beau-frère ?
LÉON BOCQUET (riant franchement) — Ah, celui-là ! Une pure invention, voyons ! D’ailleurs, Alphonse… Alfred… rien à voir !
ALFRED (lève un doigt accusateur) — Ha ! T’avais promis de pas mettre les vrais gens du village dans tes bouquins !
LÉON BOCQUET (amusé) — Mais je n’ai mis que des personnages… inspirés de la vie. Si les lecteurs reconnaissent quelqu’un, ça, ce n’est plus de ma faute !
ALFRED (grommelant, secouant la tête) — Mouais… En tout cas, si tu refais un livre, tu pourrais au moins écrire que mon potager a les plus belles carottes du canton.
LÉON BOCQUET (souriant, levant son verre) — Promis, Alfred ! Dans le prochain, on parlera des héros du légume de Marquillies.
(Alfred grogne, mais ne peut s’empêcher de sourire. Après tout, être dans un roman, ce n’est pas donné à tout le monde… même si on y est un peu trop reconnaissable !)
MORALE : Quand un écrivain vous met dans un roman, mieux vaut espérer qu’il parle de vos carottes que de vos travers !