Les Retrouvailles Éternelles de Léon et Marie-Louise
Cimetière de Wicres, un doux soir d’été. Sous la terre paisible, derrière l’église, une voix s’élève dans l’au-delà.
Marie-Louise (moqueuse) : Tiens donc ! Te voilà enfin, Léon ! Tu en as mis du temps ! J’ai failli croire que tu allais me faire attendre une éternité…
Léon (amusé) : Que veux-tu, ma chère, j’ai pris le dernier train. Mais me voici, enfin rentré… pour de bon, cette fois !
Marie-Louise (riant) : Voilà une première ! Toi qui courais toujours entre Paris et le Nord… Tu ne risques plus d’attraper le dernier fiacre pour filer chez tes amis poètes, hein ?
Léon (soupirant avec fausse nostalgie) : Ah, ces belles soirées parisiennes… Les discussions enflammées, les vers lancés comme des feux d’artifice ! Mais tu sais, au fond, je préférais toujours revenir ici, dans notre bon vieux Wicres.
Marie-Louise (taquine) : Ah oui ? Pourtant, je me souviens d’un certain Léon qui trouvait la campagne “un peu trop tranquille”…
Léon (souriant) : Et pourtant, c’est bien ici que mon cœur battait le plus fort. Regarde où nous sommes ! Juste derrière l’église, là où les cloches pleurent à chaque heure…
Marie-Louise (levant les yeux vers le clocher) : Et où elles te pleurent encore, va ! Dire que tu les as tant fait chanter dans tes poèmes… Je me demande si elles sonnent pour toi aujourd’hui, ou si elles rient de te savoir enfin posé !
Léon (riant) : Qui sait ? Peut-être qu’elles hésitent entre une marche funèbre et une fanfare de bienvenue !
Marie-Louise (attendrie) : Bah, peu importe. Ce qui compte, c’est que nous sommes ensemble, à nouveau. Et ici, au moins, plus de train à prendre, plus de valises à boucler, plus de mondanités…
Léon (soupirant d’aise) : Juste toi, moi… et les souvenirs.
Marie-Louise (souriant) : Rappelle-moi, Léon, notre premier été ici… Ces longues promenades, la Libaude, le vent dans les blés…
Léon (émerveillé) : Ah, je me souviens comme si c’était hier… Et ce petit banc sous le vieux chêne, où nous lisions ensemble en écoutant le silence…
Marie-Louise (riant) : Écouter le silence… seulement interrompu par le bruit de tes pages tournées et tes soupirs de poète !
Léon (riant aussi) : Que veux-tu, ma muse ? La poésie était ma façon de te dire combien je t’aimais.
Marie-Louise (émue) : Et moi, j’ai toujours su l’entendre… même quand tu étais loin.
Léon (doucement) : Alors maintenant, plus jamais loin.
Les cloches de l’église se mettent à sonner doucement, comme pour ponctuer leurs retrouvailles. Et sous la pierre, Léon et Marie-Louise, enfin réunis, savourent l’éternité.
Morale : L’amour véritable ne craint ni le temps, ni la distance ; il trouve toujours son écho, même dans l’éternité.