
Je ne sais pas si S. E. White est vivant encore, ou décédé depuis longtemps, s’il a connu l’âge d’or de la Californie, ou s’il le reconstitue à l’aide de documents. Toujours est-il que son journal de route, longuement raconté, et minutieusement détaillé, nous donne une impression de reportage authentique, de chose vue. Il l’a entremêlé, pour l’usage de la jeunesse, d’une petite histoire d’amitié romanesque qui n’ajoute rien à la valeur du livre, mais qui fera très bien à l’écran, le jour qu’on l’y portera, si ce n’est déjà fait. Il serait même excellent d’y ajouter une héroïne blonde, que puissent sauver, des bandits ou des Peaux-Rouges, les courageux cavaliers de la troupe, pour la meilleure émotion des âmes sentimentales.
Le Crapouillot du 1er septembre 1930
Voici un nouvel aspect de l’œuvre admirable du célèbre romancier américain S. E. White, que Léon Bocquet a entrepris de propager en France. Après Les Conquérants de Forêts et L’Associé, formidable tragédie du travail, après La longue traverse, idylle aux pays du Nord, Le Vertige de l’Or présente les âpres réalités de la vie des premiers mineurs en Californie. Ils sont quatre jeunes gens des États-Unis qui s’en vont à la découverte du fameux métal et à la recherche de la fortune. Ils sont quatre : Johnny Fairfax, Roger dit Yank, Franck Munro et Talbot Ward, qui s’associent pour réussir. À eux vient se joindre plus tard, entre autres, Don Gaspar Martinez, hidalgo somptueux égaré par la fascination de la « poussière d’or », parmi les labeurs épuisants et les mœurs sauvages des camps miniers. Pas de femmes, pas d’amour dans ces pages. Mais les péripéties d’un voyage mouvementé, les efforts, les espoirs et les luttes ; les chimères et les déceptions d’une émerveillante aventure. Tout le décor grandiose des pays vierges, des pittoresques communautés qui se fondent, des villes qui surgissent de rien, comme San-Francisco. La version française de Léon Bocquet conserve à ce récit son intensité de vie sans artifice, son atmosphère colorée, les qualités de style, de bonne humeur et de bel humour qui distinguent, dans le texte original, les ouvrages de White.
L’Ami du peuple du soir du 8 juin 1930

Le roman est paru sous forme de feuilleton dans le journal L’Intransigeant, en mars 1930