
Stewart-Edward White a été comme Jack London, R-L. Stevenson et J. O. Curwood, un grand voyageur devant l’Eternel. Et son œuvre entière porte témoignage de son humeur vagabonde.
Il a non seulement parcouru d’un bout à l’autre l’extrême nord de l’Amérique, terres du silence, terres glacées où les tempêtes de neige, en un tournemain, effacent les traces des loups, et celles des troupeaux de caribous fuyant les bandes chiens sauvages mais encore l’Afrique noire, qu’il a passionnément décrite dans trois livres, « The land of footprints », « African camps fires », « The leopard woman », qui tiennent du récit de voyage et du roman, et aussi dans ‘Noir et blanc ou la politique de Ringozi ».
Il ressort de l’œuvre de S.E. White, quand on l’approfondit, que l’homme ne sacrifie volontiers qu’à un seul culte : celui de la force physique ou morale. Et d’ailleurs en ses livres où l’amour n’apparait qu’à titre épisodique et pour mémoire, il ne célèbre qu’elle, et elle seuls, en fonction des forces de la nature.
Frais et rude, émouvant et rustique, ce romancier tumultueux, véritable Walt Whitmann de la pros, a séduit Léon Bocquet, romancier du « Fardeau des jours » et poète des « Branches lourdes », qui depuis quelques années a pris à tâche de révéler au public français, les écrivains anglais de haut mérite.
Sa traduction de « L’associé » est fort belle. Sans même y prendre garde, par conscience professionnelle et par amour des lettres. Il a fait siennes les phrases suivantes dont André Gide a préfacé « L’Offrande lyrique » de Rabindranath Tagore : « Aucun écrit jamais ne m’avait coûté tant de peine. Il est bien naturel, du reste qu’une traduction nécessite plus de retours qu’une inspiration spontanée, et qu’aussi l’on ose traiter plus cavalièrement sa propre pensée que celle qu’on prend à tâche de servir.
« L’Associé » est un roman qui plaira aux petits et aux grands. Mouvementé à souhaits, il peint la vie âpre, saine et violente des « drivers » assurant le flottage des trains de bois, qu’il conduisent d’écluse en écluse, jusqu’à destination, malgré la traîtrise liguée de l’homme et des éléments.
Ce livre moral, où l’on voit le bon Jack Orde, brave homme, excellent mari et père de famille dévoué, démasquer à temps, après toutes sortes d’avanies concertées, les manœuvres sournoises et frustratoires de l’astucieux Newmark, son associé, ce livre respire la santé, la droiture, la force jeune et gaie, l’odeur de l’eau, l’odeur du travail en plein air et celle de la forêt.
Je lui souhaite le grand succès qu’il mérite.
L’Associé par René Maran, La Volonté du 6 janvier 1926
