Titre : La rose contre l’asphalte
Scène : Été 1935, dans la propriété de Haillancourt. Le jardin est en fleurs, les oiseaux chantent… et dans la maison, un débat conjugalo-botanique fait rage. Léon Bocquet, en tablier de jardinier, examine ses roses avec amour. Marie-Louise, élégante et impatiente, l’observe, bras croisés.
MARIE-LOUISE (tapant du pied) — Léon, on rentre à Paris demain.
LÉON BOCQUET (sans lever la tête, humant une rose) — Impossible. Demain, je dois tailler mes rosiers grimpants.
MARIE-LOUISE (exaspérée) — Léon, tu passes plus de temps avec ces fichues fleurs qu’avec moi !
LÉON BOCQUET (taquin) — C’est que, ma chère, elles, au moins, ne râlent pas quand je veux rester à la campagne.
MARIE-LOUISE (les bras en l’air) — Paris, Léon ! Paris ! Le théâtre, les amis, les librairies… et mon tailleur préféré !
LÉON BOCQUET (touchant délicatement une orchidée) — Paris, c’est le bruit, la poussière, les embouteillages… Ici, j’ai la paix et des capucines.
MARIE-LOUISE (ironique) — Oh oui, quelle vie palpitante ! Moi, je veux revoir du monde, Léon ! Tu sais, des êtres humains, pas juste des pétunias !
LÉON BOCQUET (amusé) — Les pétunias sont bien plus prévisibles…
MARIE-LOUISE (fronçant les sourcils) — Et tu comptes rester ici jusqu’à ce que des racines te poussent sous les pieds ?
LÉON BOCQUET (réfléchissant) — L’idée n’est pas désagréable…
MARIE-LOUISE (tranchante) — Très bien ! Alors, reste ici à parler aux roses ! Moi, je vais à Paris !
LÉON BOCQUET (levant un sourcil, malicieux) — Tu veux dire… seule ?
MARIE-LOUISE (s’arrêtant, hésitant) — …Euh…
LÉON BOCQUET (avec un sourire victorieux) — Ah ! Tu vois, tu ne veux pas vraiment me laisser ici…
MARIE-LOUISE (grognant) — Toi, un jour, je vais te planter dans un pot !
LÉON BOCQUET (riant, lui tendant une rose) — Et moi, je t’offrirai toujours des fleurs.
(Marie-Louise secoue la tête, mi-agacée, mi-amusée. Il a encore gagné… Mais dans le fond, elle sait qu’elle ne pourra jamais vraiment rivaliser avec ses fichues roses.)
MORALE : Entre Paris et la campagne, il y a toujours une fleur pour semer la discorde !