La lumière d’Hellas

« La Lumière d’Hellas » est un recueil de poésies de Léon Bocquet, publié en 1913 par les éditions du Beffroi à Paris. Ce recueil est disponible en version numérique sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France M. Léon Bocquet publie un nouveau recueil de vers, La Lumière d’Hellas, qui fait valoir un…


« La Lumière d’Hellas » est un recueil de poésies de Léon Bocquet, publié en 1913 par les éditions du Beffroi à Paris. Ce recueil est disponible en version numérique sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France


M. Léon Bocquet publie un nouveau recueil de vers, La Lumière d’Hellas, qui fait valoir un talent froid, académique et descriptif. Peut-être rien, ni dans le style, ni dans les sujets, ni dans les idées de M. Bocquet ne me permet de distinguer ces sonnets harmonieux et raisonnables de la foule des sonnets que je lis chaque jour, je suis bien obligé d’estimer que M. Bocquet voue à la poésie un culte plus volontaire qu’inspiré. Je me trouve dans la nécessité de répéter que, quand un écrivain pourvu d’une mémoire heureuse et d’une plume facile se complaît, au sortir de la bibliothèque, à rédiger des poèmes corrects où sont tour à tour évoqués le faune, la nymphe, le jardinier d’Arcadie, l’artisan d’Athènes, la joueuse de flûte, Myrto l’Adolescente, l’éleveur de Tanagra, etc., etc…, cet écrivain fait œuvre d’érudition, mais non de poésie créatrice, de celle qui sait que mon opinion peut paraître odieuse à tous ceux qu’enivre quotidiennement l’aimable besogne ; mais je n’en continuerai pas moins à produire cette opinion. M. Léon Bocquet, qui doit trouver un subtil plaisir à se réciter à soi-même ces choses qu’il a faites, ne sait pas, ne peut pas savoir, à coup sûr, le nombre de poètes qui publient des livres semblables au sien et témoignant le plus souvent d’un égal talent. Renseigné par l’expérience, je me fais un devoir de renseigner autrui et je prie M. Léon Bocquet de reconnaître à mon parti pris quelque fondement.

Georges Duhamel, Mercure de France, 16 juil. 1913


Chez Messein, par tradition éditeur idéal des poètes, l’éminent écrivain Léon Bocquet vient de rééditer un recueil de poèmes depuis longtemps épuisé : « La lumière d’Hellas », qui parut en 1913 dans la collection du Beffroi, la revue septentrionale d’illustre mémoire.

Les lettrés amiénois et picards, les nombreux admirateurs et amis que Léon Bocquet compte parmi nous ne montreront pas d’accueillir ce petit volume à la très riche substance poétique avec le même intérêt qu’ils saluèrent, il y a un an, la naissance de son précédent recueil « Ciguës », admirable par la fermeté de la langue, la justesse du ton, la splendeur des images.

« La Lumière d’Hellas » est un hymne à la Beauté, un appel fier, serein, hautain vers la Vie. Le tempérament poétique de Léon Bocquet s’y affirme de manière péremptoire, avec ses dons de frémissante sensibilité, son stoïcisme intérieur, ses flammes ardentes, ses générosités de cœur infinies.

L’atmosphère qui baigne ce recueil, pour lequel nous avons éprouvé une particulière dilection, est nettement différente de celle qu’il est possible de déceler dans « Ciguës ». Alors que le poète traduisait, avec une admirable lucidité en des vers octosyllabes précis et nets, l’angoisse d’un être à qui la vie n’a épargné ni les blessures, ni les déceptions, l’ennui déprimant des heures lourdes où l’on médite sur le vanité de la Gloire et de l’Amour, il exprime, au contraire, avec une grave tendresse, dans les alexandrins fluides et harmonieux de « La Lumière d’Hellas », lumière tempérée toutefois — l’enchantement et l’extase ressentis devant l’éternelle Beauté.

Cette œuvre qui atteste le constant souci d’art et de perfection du parfait ouvrier des lettres que Léon Bocquet saura, nous en sommes sûrs, en raison même de sa ferveur et de sa spontanéité, charmer et émouvoir tous ceux qui aiment retrouver dans le livre d’un vrai poète un écho de leur propre sensibilité.

Le Progrès de la Somme, 7 août 1936