Léon Bocquet est né le 11 août 1876 à Marquillies, village des Weppes au sud-ouest de Lille, dans une famille paysanne modeste. Ses parents étaient journaliers, ne savaient ni lire, ni écrire.


Maison natale, rue du Moisnil à Marquillies.

Très jeune, il développa un amour pour la nature et les jardins, passant ses printemps dans le potager de sa grand-mère et ses hivers à rêver dans un grenier. Il fut également accueilli par ses tantes célibataires, où il jouait avec les enfants d’un avocat lillois en vacances.

Le curé de Wicres, l’abbé Bonduel, remarqua les talents de Léon Bocquet pour les langues anciennes et le recommanda à Maître Clabaut. Encouragé par ce dernier, Bocquet intégra le Petit Séminaire Saint-François-d’Assise d’Hazebrouck, pensant avoir la vocation. Cependant, il eut du mal à s’adapter à la discipline stricte, regrettant les plaisirs de la nature. Élève brillant en français mais médiocre en mathématiques, il publia ses premiers poèmes dans Le Fermier flamand. Après le séminaire, il poursuivit deux années de lettres (1895-1897) à l’Université Catholique de Lille.

En 1897, Léon Bocquet publia Sensations, son premier recueil de poésies inspiré par la nature et l’amour. Son supérieur et ses maîtres, jugeant son inspiration trop sentimentale pour un futur prêtre, lui imposèrent un choix : abandonner la poésie ou quitter le séminaire. Il choisit alors de partir, malgré la déception de son entourage.

Boursier, Léon Bocquet poursuivit ses études à l’Université d’État de Lille, où il fut influencé par l’activité régionaliste de la Faculté des Lettres. Son amour pour sa terre natale s’y renforça, nourri par l’intérêt de l’université pour l’histoire des provinces du Nord. Il étudia sous la direction d’Ernest Langlois, spécialiste des langues et littératures wallonne et picarde, de 1897 à 1899.

La vie étudiante de Léon Bocquet fut difficile. Il développa un caractère mélancolique et réservé, cherchant à ne pas paraître inférieur aux autres étudiants. Licencié ès lettres en 1899, il obtint un diplôme d’études supérieures avec un mémoire sur Leconte de Lisle et une bourse pour l’agrégation. Après un stage en lycée, il renonça à l’enseignement. Exempté du service militaire en raison d’une forte myopie, il se tourna vers le journalisme et devint secrétaire de rédaction à L’Écho du Nord de 1902 à 1905.

En juillet 1902, lors du deuxième Congrès des Poètes à Lille, Léon Bocquet se distingua par ses brillantes interventions, démontrant sa maturité et son talent. Bien que parfois incompris, il fut reconnu par les cercles culturels. La même année, la Société des Sciences de Lille lui attribua une médaille de bronze pour son recueil Flandre, affirmant son statut de poète régional.

Il apporta de nombreuses retouches à ce recueil dans la réédition sous le titre « Evocations de Flandre ». (1927), annexée à Ciguës (1938).

En 1904 naissait une fille, Jacqueline. Elle éclaira certains poèmes des « Cygnes noirs » (1906) et de « Branches lourdes » (1910) qui pour la plupart sont d’un ton pessimiste.

En 1905 Bocquet fut élu membre de l’Association de la presse du Nord et peu après, il devint rédacteur en chef du Journal de Roubaix. Il quitta donc Lille pour Roubaix où il vécut jusqu’en 1910.

Entre-temps naquit sa deuxième fille Monique, qui devait continuer les traditions artistiques de la famille et devenir sculpteur.

Monique, dite « Mytha ».

Le Progrès de la Somme du 23 janvier 1937 – Retronews.fr

En 1907 Bocquet fit un voyage en Italie.

Poésies extraites du recueil « Les branches lourdes ».

A son retour il ne borna pas son activité au journalisme, à la direction de sa revue, à ses poèmes et à ses traductions; mais il fit encore des tournées de conférences en Belgique.

En 1909, Léon Bocquet, insatisfait de sa réputation dans les Flandres, s’installa à Paris pour promouvoir ses idées régionalistes. Dans le but de préserver son indépendance littéraire et sa sécurité financière, il choisit de rejoindre l’administration.

En 1910, il est nommé correcteur de langues anciennes à l’imprimerie Nationale. En dépit du travail que lui donnaient la direction du Beffroi et la collaboration à maintes revues, il trouvait le temps de préparer un nouveau recueil de poésie, « Les Branches lourdes » (1910), qui pour le ton, fait suite aux « Cygnes noirs ».

À Paris, Léon Bocquet se fit connaître pour ses poèmes célébrant l’automne, avec ses pluies et sa mélancolie, exprimant la tristesse et l’amertume d’un cœur souffrant. Bien que son travail fût apprécié, il n’atteignit pas la gloire littéraire qu’il espérait, laissant Bocquet déçu et amer.

En 1912, il était élu vice-président de la Société des Poètes.

Il se multipliait plus que jamais dans la presse au service de la cause régionaliste au Nord littéraire et artistique, au Progrès du Nord (hebdomadaire) où il publie une suite de brillantes chroniques sur le patrimoine intellectuel de la Flandre française.

Jusqu’à sa mort, Bocquet travailla sans relâche.

Depuis le 7 juin 1954, il repose dans le petit cimetière de Wicres près de sa femme, morte en 1949.

Extraits de « La revue Le Beffroi de Léon Bocquet » de Anna Mascarello – 1962