Léon Bocquet, homme de lettres aux talents multiples et profondément attaché à ses racines, s’est souvent plu à évoquer les traditions populaires du Nord de la France.
Parmi elles, les combats de coqs occupaient une place particulière, tant pour leur ancrage rural que pour la passion qu’ils suscitaient.
L’anecdote ci-dessous illustre bien cette ferveur : elle se déroule en 1909, dans un village voisin de celui où naquit Bocquet. Ce jour-là, deux sociétés réputées s’affrontaient : les Cœurs Joyeux de Salomé et la Société de chez Mandine. Au cœur de ce duel, un coq célèbre dans toute la région : D’Artagnan, fierté de son éleveur, Gros Jules, figure haute en couleurs du coin.
Contre toute attente, D’Artagnan fut battu et succomba à ses blessures, provoquant une vive émotion chez son propriétaire. Gros Jules, bouleversé, rentra chez lui en pleurant. Son épouse, dans un geste mêlant tendresse et respect pour l’animal, lui promit de ne pas le cuisiner, en hommage à ses « nombreux faits d’armes ».
Grand Echo du Nord et du Pas-De-Calais – Gallica.bnf
Les combats de coqs dans le Nord autrefois
Les combats de coqs étaient autrefois très répandus dans le Nord de la France, en particulier dans les campagnes et les communes ouvrières. Loin d’être perçus comme de simples divertissements, ils constituaient un rituel social ancré dans les traditions locales.
Chaque village, parfois chaque estaminet, avait sa société de combat. Les coqs étaient sélectionnés, entraînés, nourris avec soin. Des paris étaient engagés, les rivalités entre villages entretenues avec ferveur mais souvent dans un esprit bon enfant.
Ce type de spectacle, aujourd’hui interdit par la loi sauf dans certaines zones de tradition, était aussi un moment d’identité collective, où l’élevage, le courage de l’animal et le prestige de l’éleveur étaient mis à l’honneur.
Des écrivains comme Léon Bocquet ont su, avec sensibilité, restituer cette culture populaire en la dépeignant avec réalisme, tendresse, et parfois ironie.