À ceux qui connaissaient, même superficiellement, l’œuvre harmonieuse, vaste, diverse de Léon Bocquet, le premier contact avec l’homme de cœur et de goût qui la conçut et la réalisa n’a dû réserver aucune surprise. Léon Bocquet est, en effet, l’homme de ses livres. Son tempérament chaleureux, son ardeur lyrique, sa causticité, son indignation pour tout ce qui est vil, tout ce qui est bas, son amour sans bornes pour les talents méconnus injustement victimes de « destinées mauvaises » s’y reflètent avec une incomparable netteté. Toutes ces qualités, l’auditoire éclectique et attentif qui remplissait, hier soir, la coquette salle de la Société d’Horticulture où l’avait convié, l’actif groupement de l’Amitié Franco-Wallonne put les apprécier tout au long de la magistrale conférence que le poète de « Crucifixions » et le romancier d’« Heurtebise » consacra à deux grands écrivains Wallons : Hubert Krains et Fernand Séverin. Devant l’image écravatée de crêpe de la regrettée reine Astrid et ayant à ses côtés : MM. André Jozon, préfet de la Somme ; Gérard de Berny, sénateur ; Lucien Lecointe, député-maire d’Amiens ; Lallemant, député de la Somme ; Mme Monnoyer, présidente de l’Amitié Franco-Wallonne ; le docteur Secret, directeur de l’Académie d’Amiens ; Plenneau, inspecteur d’Académie ; les représentants des généraux Barbeyrac de St-Maurice et Faury ; Vanden, président d’honneur de l’Amitié Franco-Wallonne et Cogneaux, vice-président, l’éminent conférencier parla de toute son âme de ces écrivains qui honorèrent la Wallonie. Apparaissant notre distingué concitoyen, M. le docteur Nestor Secret, directeur de l’Académie d’Amiens, qu’une vieille et fervente amitié unit, depuis toujours, à Léon Bocquet, présenta le conférencier dans un discours dont il faut louer la discrétion et l’impeccable ordonnance.

Puis Léon Bocquet parla… L’originalité de son tempérament, ses dons de sarcasme et d’humour, son lyrisme frémissant s’extériorisèrent dans cette causerie si riche en enseignements. Sur Hubert Krains, le romancier objectif et puissant qui peignit dans ces livres ayant nom : « Les bons parents, Amours Rustiques, le pain noir », les mœurs et les habitudes du pays de Liège, de la Hesbaye et du Condroz, Léon Bocquet sut dire l’essentiel. Il insista sur le style nerveux et concret du romancier « d’Au cœur des blés » et montra quel art se manifeste dans ces récits rustiques où évoluent des personnages, pris sur le vif, et campés avec vigueur.
En Fernand Séverin, le doux et mélancolique poète qui conta au « Don de l’Enfance » et au « Chant dans l’Ombre » la poignante nostalgie d’un cœur désenchanté, blessé par les rigueurs de la vie, Léon Bocquet étudia le chantre du pays natal et les commentaires dont il entoura l’œuvre du poète Wallon furent, à l’extrême émouvants. Le succès du conférencier fut des plus vifs. Le Docteur Secret, puis M. Vanden, le remercièrent et soulignèrent la satisfaction que venait d’éprouver l’auditoire. Ensuite, avec l’excellente collaboration pianistique de Mlle Calcagni, M. Bellet détailla, non sans verve, les célèbres couplets de Figaro et plusieurs mélodies.
1936-02-16_Le_Progrès_de_la_Somme – Retronews.fr