Si Léon Bocquet et ses relations dans le monde des lettres avaient eu l’occasion d’échanger ces mots, peut-être l’auraient-ils fait ainsi… Mais ce dialogue, bien que plausible, demeure une création fictive, fruit d’une imagination souhaitant faire revivre ces figures littéraires.

Par une après-midi d’automne, dans un salon feutré de l’Académie française, la lumière tamisée d’une grande fenêtre caresse les rayonnages d’une imposante bibliothèque. L’odeur du bois ciré et du papier vieilli flotte dans l’air, mêlée aux effluves d’un café fumant posé sur une petite table en acajou.
Assis dans un fauteuil de velours, Léon Bocquet feuillette un recueil de poésie d’un air songeur. À quelques pas de lui, un académicien à l’allure distinguée ajuste les revers de sa redingote avant de s’éclaircir la voix. Un sourire énigmatique aux lèvres, il s’apprête à révéler une nouvelle qui, il le sait, ne manquera pas de surprendre son interlocuteur.
Académicien : Mon cher Bocquet, j’ai une nouvelle de la plus haute importance à vous annoncer… mais promettez-moi de ne pas tomber en pâmoison, nous ne voudrions pas que la postérité se souvienne de vous comme du poète foudroyé par l’émotion !
Léon Bocquet : Allons, mon ami, vous me connaissez ! Il en faut plus pour me faire vaciller. À moins que vous ne veniez me dire que mes vers sont désormais interdits dans tout le pays ?
Académicien : Que nenni ! Bien au contraire ! Figurez-vous que l’Académie s’apprête une fois de plus à couronner votre talent. Vous serez prochainement honoré d’un prix des plus distingués.
Léon Bocquet : Encore un ? Mais voyons, cher ami, vous allez me forcer à agrandir ma cheminée pour y loger toutes ces distinctions !
Académicien : C’est un risque à prendre. Mais ne faites pas le modeste, vous savez bien que votre plume le mérite !
Léon Bocquet : Oh, je ne suis pas modeste, je suis simplement prudent : avec tant d’honneurs, j’ai peur de finir par marcher en lévitation au-dessus du sol et de ne plus pouvoir écrire que des vers célestes, incompréhensibles aux pauvres mortels !
Académicien : Eh bien, dans ce cas, nous vous offrirons une corde en or pour vous rattacher à la terre, et ainsi, nous aurons toujours le plaisir de lire votre poésie !
« Les honneurs, si nombreux soient-ils, ne pèsent jamais trop lourd pour celui dont la plume sait rester légère. »
Cela souligne à la fois l’humilité de Léon Bocquet face aux récompenses et l’importance de rester fidèle à son art, malgré les distinctions.
« Il a déjà, quand la guerre va commencer, publié deux recueil de poèmes qui le rendent célèbre dans son milieu : Les Cygnes noirs, en 1906, et Les Branches lourdes, en 1910, œuvre poétique pour laquelle il est couronné par l’Académie Française. »
Léon Bocquet (1876-1954), guerre et littérature par Chantal Dhennin