




Le Beffroi – Mai 1900 – fascicule 5
Ma Tombe
Quand le soir indulgent et la mort m’auront pris,
Que vos mains baisseront mes inertes paupières
Sur mes yeux, gouffres d’ombre ou cryptes de lumière ;
Je ne veux pas dormir dans tes murs, ô Paris !
Que le terroir natal de la Flandre au ciel gris
Me garde, sous la croix sans faste et sous les lierres,
Une tombe où, parmi les roses familières,
S’ouvriront au printemps mes rêves refleuris.
Dans la glèbe, là-bas, l’empreinte de ma race
Se devine et je sais qu’y subsiste la trace
De mon enfance éparse autour de la maison.
Et mon cœur, dans l’étreinte auguste de la terre
Devant la plaine austère au pensif horizon,
Sentira moins l’horreur de la nuit solitaire.