

L’ouvrage que M. Léon Bocquet a fait paraître sur Albert Samain est une très bonne monographie et constitue une importante contribution à l’histoire de la poésie au XIXe siècle. En effet Samain, comme Charles Guérin, était un des poètes les mieux doués de sa génération. M. Bocquet était très bien préparé à écrire un essai sur Samain.
Revue d’Histoire littéraire de la France, N°4 (oct-déc 1907) p 747
Léon Bocquet se trouve exactement dans le cas de Louis Richard. Écrivain probe et digne, il consacre sa vie laborieuse à l’art. On lui doit de beaux et harmonieux poèmes, des critiques avisées, des contes savoureux et pittoresques. Sous son active impulsion un beau mouvement littéraire a remué le Nord et une de nos meilleures revues littéraires, le Beffroi, est son œuvre. Tel il était bien désigné pour écrire la vie et l’exégèse des œuvres d’Albert Samain. Ce livre, je l’ai dit, est définitif. C’est le document le plus sûr et le plus complet que nous possédions sur cet extraordinaire poète lyrique, honneur de ses Flandres natales. Léon Bocquet lui a élevé là un monument durable qui vaudra tous les bustes semi-officiels ou autres qui prétendraient désormais glorifier le poète et accorder les palmes académiques à leurs promoteurs.
Il faut lire cet Albert Samain. On y trouvera le récit d’une vie douloureusement émouvante et cruelle, d’une existence torturée et poignante, féconde source d’où jaillirent tous ces poèmes de la royale tristesse et du songe fastueux. L’âme d’Albert Samain a été étudiée, commentée, expliquée ici par un poète singulièrement compréhensif à qui nous devons en garder une reconnaissance émue et fraternelle. Ce livre est un des meilleurs ouvrages de critique écrit depuis longtemps. Il est d’un style harmonieusement clair et limpide, d’une simplicité émouvante. Digne d’Albert Samain il honore grandement son auteur et lui vaudra l’estime de tous ceux qui trouveront dans les vers d’Albert Samain l’écho attendri et fidèle de leur âme. Livre de foi, livre de piété, œuvre noble et belle, elle fera retentir un nom qui nous était cher, à qui la jeune littérature doit déjà beaucoup, Léon Bocquet.
Hector Fleischmann – La Politique coloniale, 1 oct. 1905