

Villes meurtries de France : villes du Nord, par M. Léon Bocquet. — Poète, poète de talent, – l’auteur a dit, de toute son âme, la douceur mélancolique que gardaient quelques villes, parmi celles que le sort des armes éprouva. Il évoque leurs traits aimés. Visions, souvenirs, histoire écrite au livre des édifices et des rues, mystère dormant des campagnes et des eaux. Lille, Douai, Cambrai, Dunkerque, Valenciennes, Bergues : Bergues, rêveuse assise au bord de lents roseaux, Tu penches, les beaux soirs de lune, sur les eaux, la figure émouvante et douce du silence.
Vers du passé, qui expriment le passé. C’était avant la guerre, avant « la dévastation et les crimes de lèse-beauté ». Ce livre, – l’un d’une série que l’éditeur consacre aux « villes meurtries » – fait mieux connaître, et plus pieusement aimer, la profonde beauté que mutilèrent les Barbares.
L’Intransigeant du 23 septembre 1918 – Retronews.fr
Ce n’est pas une description que nous présente l’auteur, c’est une évocation. Ces villes du Nord qui ont tant souffert déjà par le fait des Allemands et sont exposées à souffrir encore davantage, M. Bocquet les a vues avant la guerre et les décrit en poète. Comme en se jouant, par la vue d’un monument, d’une plaque de rue, d’un tableau d’église ou de musée, il déroule toute l’histoire en raccourcis de la Flandre française. On croit lire un poème descriptif et l’on est tout étonné d’avoir appris une foule de choses que l’on ignorait ou qu’on avait oubliées. Et c’est avec un serrement de cœur que l’on songe que les barbares s’efforcent d’effacer les monuments de cette histoire. Mais le livre de Léon Bocquet restera comme un témoin. Tous les Français voudront garder ce petit volume qui contient la moelle de toute une bibliothèque et qui est écrit en un style délicieux par un critique averti.
La Croix du 17 septembre 1918 – Retronews.fr